Créer, recréer le monde
📜 récits des origines 📖
Comment les Grands Textes fondateurs racontent et essaient d’expliquer la création du monde ?
« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. »
Marie Curie
Étude de groupement de textes
Introduction
Dans une séquence sur les Grands Textes fondateurs, les textes qui sont étudiés sont considérés comme sacrés par les trois principales religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Ces religions sont pratiquées aujourd’hui en France et dans le monde : il convient donc de rappeler quelques règles qui s’appliquent aux élèves et aux enseignants.
Pour commencer, ces textes figurent au programme : il est donc impossible de refuser de les étudier ou de les faire étudier, qu’ils soient tirés de la Bible hébraïque, de la Bible chrétienne, du Coran ou du recueil sacré d’une autre religion.
L’enseignant peut – et doit, s’il le peut – répondre aux questions qui lui sont posées : il n’y a aucune question idiote (ça n’existe pas : une question est toujours bonne si elle est sincère) ou de question interdite. Mais il ne peut répondre qu’aux questions d’ordre historique, littéraire ou stylistique : ce n’est pas au collège que l’on apprendra comment pratiquer ou ne pas pratiquer une religion !
Un enseignant à le devoir de ne pas dire s’il croit ou ne croit pas. C’est la loi ! Il n’a non plus pas le droit de vous demander si vous croyez ou ne croyez pas. Pareil, c’est la loi ! Ainsi, tous les élèves sont logés à la même enseigne, et tous les enseignants aussi : ce qui permet d’aborder de nombreux sujets sereinement.
En définitive, tout le monde (élèves et enseignants) peut parler de tout, et les élèves peuvent demander des précisions sur les textes ou l’histoire de telle ou telle religion, mais tout le monde doit en même temps faire l’effort de respecter les croyances ou l’absence de croyance des autres.
Ce déroulé est avant tout à destination des enseignantes et des enseignants, qui pourront s’en servir pour créer leurs propres séquences : les leçons proposées sont bien trop longues pour être copiées telles quelles dans les cahiers des élèves ! Libre aux enseignants de mettre en valeurs les éléments qu’ils jugent significatifs et/ou importants au regards des discussions tenues en classe. Par ailleurs, chaque « séance » étant très longue, il faudra parfois compter deux heures pour en mener une ! En fonction des élèves et des classes, cette séquence pourra durer dix jours… ou un mois. Il importe aussi de se coordonner avec l’enseignante ou l’enseignant d’Histoire-géographie de votre classe, qui aura peut-être déjà vu certaines notions ou, au contraire, comptait sur vous pour les aborder !
Le cours de français porte avant tout sur les textes ; aussi, il ne sera pas forcément le lieu pour aborder toutes les notions présentées, qui se confondent parfois avec celles abordées en EMC ; cette page étant avant tout à destination des enseignants, elle ratisse plus large qu’un cours de sixième, et propose des réponses aux questions éventuelles plutôt qu’elle n’indique une liste exhaustive des notions à aborder ! Toutefois, le cours sur les Grands Textes fondateurs est un passage obligé du programme de sixième, et il importe que tous les enseignants s’en saisissent, avec neutralité et parfois même avec courage, et soient en mesure de répondre aux questions qui leur seraient posées – quand bien même cette séquence appelle à être menée en concertation avec l’équipe d’Histoire-géographie-EMC.
Si vous n’êtes pas à l’aise avec l’idée de parler de religion en classe, je vous invite à consulter cette page (temps de lecture : 20 minutes environ) qui pourra peut-être vous aider.
Séance 1 : L’histoire des monothéismes
Durant cette séquence sur les Grands Textes fondateurs, nous aborderons les textes sacrés des trois principales religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Ces trois religions ont beaucoup de choses en commun. On peut le voir par exemple dans l’épisode de C’est pas sorcier intitulé : « Un dieu, trois religions ».
○ Tout d’abord, le dieu unique au centre de ces trois religions est le même, même si on lui donne des noms différents en fonction de la langue qu’on parle (Yahvé en hébreu, Dieu en français, Allah en arabe) ;
○ On y retrouve des prophètes identiques (un prophète est, selon les monothéistes, un messager du dieu unique), comme Abraham, Noé ou Moïse, et des histoires qui se ressemblent beaucoup ;
○ Ces trois religions sont nées dans la même région, qu’on appelle aujourd’hui le Proche-Orient ;
○ Enfin, elles ont d’abord été transmises oralement avant que les récits ne soient fixés à l’écrit (on parle parfois de « religions du Livre ») dans des livres qui s’appellent la Bible et le Coran.
En cours de français, nous étudierons les textes pour essayer de trouver leurs différences et leurs points communs – ils sont nombreux !
→ Le texte saint des juifs s’appelle la Bible hébraïque : on l’appelle comme ça parce que les juifs sont aussi appelés les Hébreux (leur langue est l’hébreu). On y trouve les histoires des prophètes comme Abraham, Noé, Moïse, et des alliances successives de Dieu et de l’Humanité. « Bible » vient de « Byblos » en grec et signifie « les livres ». Les juifs pensent que Moïse en a écrit une partie, qu’ils appellent la Torah. La Torah est donc une partie de la Bible hébraïque. Dates d’écriture de la Bible hébraïque : entre le XIIe siècle avant notre ère et le IIe siècle avant notre ère.
→ Le texte saint des chrétiens s’appelle la Bible : c’est la Bible hébraïque (que les chrétiens appellent « Ancien Testament »), ainsi qu’une partie plus récente qui raconte la vie de Jésus, que les chrétiens considèrent comme le messie (libérateur promis par Dieu dans la Bible hébraïque). Pour les chrétiens, Jésus est plus qu’un prophète : c’est le fils de Dieu. Son histoire est racontée dans 4 évangiles (de Luc, Marc, Mathieu et Jean). On y trouve aussi l’histoire des premiers temps du christianisme et l’Apocalypse. Les chrétiens appellent ces ajouts le « Nouveau Testament ». Dates d’écriture du Nouveau Testament : au premier siècle de notre ère.
→ Enfin, le texte saint des musulmans s’appelle le Coran : il s’agit pour les musulmans du recueil des paroles de Dieu transmises à Mohammed, que l’on appelle Mahomet en français, par l’intermédiaire de l’ange Djibril, que les juifs et les chrétiens connaissent bien : ils l’appellent quant à eux Gabriel. Coran signifie en français : « récitation ». C’est un texte beaucoup plus court que la Bible, et qui en reprend de nombreux personnages, mais en les appelant par leur nom arabe : Moïse devient Moussa, Abraham devient Ibrahim, Noé devient Nuh. On retrouve aussi Jésus sous le nom de Isa, ou Issa : c’est un prophète très important pour les musulmans (pour qui il n’est pas le fils de Dieu). Dates d’écriture : au VIIe siècle (entre 644-656), sous le règne du troisième calife, Othman (après la mort de Mohammed en 632). |
Aujourd’hui, environ un être humain sur deux dans le monde est monothéiste, et presque un français sur deux.
Il est donc très important de comprendre les monothéismes : il s’agit des croyances de la moitié de l’Humanité !
L’image du jour :
Mohammed et les prophètes de l’islam : Abraham, Moïse et Jésus, miniature persane du Moyen Âge.
→ Dans la religion musulmane, Jésus est aussi un prophète. Son nom arabe est Isa, Issa ou Aïssa. Il arrive donc qu’il soit représenté auprès des autres prophètes de l’islam, comme Abraham (Ibrahim), Moïse (Moussa), ou encore Mahomet (Mohammed). Il n’a pas toujours été interdit aux musulmans de représenter le prophète de l’islam (et les chiites, des musulmans, le font encore) : par exemple, dans cette miniature, il est mis en avant !
Activité : Complétez l’arbre des religions en donnant à chaque fois :
➀ sur chaque ouvrage, le titre de chaque texte sacré puis le symbole de la religion concernée ;
➁ dans chaque ruban, la date à laquelle chacun de ces textes a été rédigé ;
③ sous chaque édifice, le nom qu’on donne à chaque lieu de culte en fonction de la religion qu’on y exerce ;
④ sur chaque branche de l’arbre des religions : « musulmans chiites » ; « chrétiens protestants » ; « chrétiens catholiques » ; « juifs » ; « chrétiens orthodoxes » « musulmans sunnites » ;
⓹ Pour chacune de ses branches – en se référant aux chiffres de l’INSEE – placez : « 29%» ; « 10%» ; « 9% » ; « ≤1% » ; « < 1% ». N’oubliez pas que 51% des français sont athées !
Séance 2 : La Genèse | Récits des prophètes
Comment Dieu a-t-il créé le monde selon les monothéistes ?
Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour. Dieu dit: Qu’il y ait une étendue entre les eaux, et qu’elle sépare les eaux d’avec les eaux. Et Dieu fit l’étendue, et il sépara les eaux qui sont au-dessous de l’étendue d’avec les eaux qui sont au-dessus de l’étendue. Et cela fut ainsi. Dieu appela l’étendue ciel. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le second jour. Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l’amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l’herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l’herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le troisième jour. Dieu dit: Qu’il y ait des luminaires dans l’étendue du ciel, pour séparer le jour d’avec la nuit; que ce soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années; et qu’ils servent de luminaires dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, et le plus petit luminaire pour présider à la nuit; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans l’étendue du ciel, pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le quatrième jour. Dieu dit: Que les eaux produisent en abondance des animaux vivants, et que des oiseaux volent sur la terre vers l’étendue du ciel. Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit, en disant: Soyez féconds, multipliez, et remplissez les eaux des mers; et que les oiseaux multiplient sur la terre. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le cinquième jour. Dieu dit: Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, du bétail, des reptiles et des animaux terrestres, selon leur espèce. Et cela fut ainsi. Dieu fit les animaux de la terre selon leur espèce, le bétail selon son espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit: Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture. Et à tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, et à tout ce qui se meut sur la terre, ayant en soi un souffle de vie, je donne toute herbe verte pour nourriture. Et cela fut ainsi. Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela était très bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le sixième jour. La Genèse, traduction de Louis Segond |
Question de réflexion : Pourquoi Dieu attend-il le sixième jour avant de créer Adam ?
La création obéit à une certaine logique, puisque ce que Dieu créé le premier jour, c’est… le jour. Il créé d’abord un monde où les êtres humains pourront ensuite vivre.
Ceux qui ne croient pas voient-ils pas que les cieux et la terre formaient une masse compacte ? Ensuite, Nous les avons séparés. Et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante.
Sourate Al-Anbiya.
Renierez-vous Celui qui a créé la terre en deux jours, et Lui donnerez-vous des égaux ? Tel est le Seigneur de l’univers. […] Il acheva de les façonner en sept cieux en deux jours. Sourate Fussilat.
Votre Seigneur est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours. Puis Il S’est établi sur le Trône. Sourate Yunus.
Il a créé les cieux et la terre pour une juste raison. Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour sur la nuit. Sourate Az-Zumar.
Votre Seigneur, c’est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours, puis S’est établi sur le Trône. Sourate Al-A’raf. |
Bilan
Au début du livre qui s’appelle la Genèse (le premier livre de la Bible), Dieu prend la parole pour créer plusieurs éléments. On parle d’énoncé performatif lorsque c’est en disant quelque chose que cette chose se réalise.
Exemple : Tu seras en retenue mardi prochain !
Dans le Coran, cette histoire n’est pas racontée d’un seul coup : on y trouve des références dans plusieurs sourates (chapitres du Coran). Même si elle est moins détaillée, on peut s’apercevoir qu’il y a de grands points communs avec l’histoire de la Genèse : par exemple, le monde a été crée en six jours.
Le septième jour, Dieu se repose : c’est pour ça qu’on se repose aujourd’hui un jour sur sept.
Dès le début, on peut voir l’importance de la parole et du verbe dans l’histoire des monothéismes.
La foi et la science
Bien entendu, ce texte n’a pas de réalité scientifique : il faut garder à l’esprit qu’il a été conçu vers le sixième siècle avant notre ère pour le premier, et vers le sixième siècle pour le deuxième !
→ La science repose forcément sur l’existence de preuves pour élaborer une théorie que l’on peut reproduire par des expériences, et qui est vérifiable. On peut par exemple savoir que l’eau bout à 100° ou que la Terre est ronde et tourne sur elle-même et autour du Soleil. → La foi est la croyance en quelque chose qui, au contraire, ne peut pas être vérifié : les croyants de différentes religions peuvent croire en des choses différentes (alors que les scientifiques sont en général d’accord). Les gens qui ont la foi croient ; par exemple, les monothéistes croient un en dieu unique. |
Il ne faut pourtant pas opposer la science et la foi : il existe – et il a existé tout au long de l’Histoire – des scientifiques de toutes les religions !
La science consiste à essayer de comprendre le monde de manière objective ; la foi est une croyance personnelle qui peut servir aux croyants à donner un sens à leur vie.
Enfin, même parmi les croyants, tout le monde ne croit pas de la même manière : certains ont une approche littéraliste, c’est-à-dire qu’ils considèrent que ce qui figure dans les textes a vraiment eu lieu de cette manière, alors que d’autres considèrent que ce sont des métaphores. Dans chaque religion monothéiste, il y a plusieurs courants, qui ne sont parfois pas en accord, mais qui la plupart du temps coexistent en paix.
Le tableau du jour :
Michel-Ange, « Dieu crée la Terre, la Lune et le Soleil », 1511-1512
→ En t’appuyant sur le texte, peux-tu dire quel jour est représenté sur ce célèbre tableau ?
Pour les chrétiens, représenter Dieu n’est pas un problème du tout ! Il est souvent représenté comme un vieillard doté d’une longue barbe blanche (ou grise) : ce n’est pas parce qu’ils prétendent savoir à quoi il ressemble, mais parce que ça symbolise la sagesse.
Séance 3 : Le premier être humain
Dans la Bible, il est écrit :
Telle fut l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés. Lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, aucun buisson n’était encore sur la terre, aucune herbe n’avait poussé, parce que le Seigneur Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre, et il n’y avait pas d’homme pour travailler le sol. Mais une source montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. Alors le Seigneur Dieu modela l’homme (Adam) avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. […] Le Seigneur Dieu prit l’homme et le conduisit dans le jardin d’Éden pour qu’il le travaille et le garde.Le Seigneur Dieu donna à l’homme cet ordre : « Tu peux manger les fruits de tous les arbres du jardin ; mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu n’en mangeras pas ; car, le jour où tu en mangeras, tu mourras. » |
Dans le Coran, il est écrit :
Quand ton Seigneur dit aux anges : Je vais créer un être humain à partir d’argile, d’une boue modelée. Lorsque je l’aurai parfaitement façonné et lui aurai insufflé de Mon Esprit, vous vous prosternerez devant lui. Alors, tous les anges se prosternèrent, à l’exception d’Iblis. Il se refusa, s’enfla d’orgueil et fut parmi les infidèles. Dieu dit : Ô Iblis ! Qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner lorsque Je t’ai ordonné ? Il répondit : Je suis meilleur que lui. Tu m’as créé à partir de feu, tandis que lui, tu l’as créé à partir d’argile. Sourate Sad.
L’exemple de Jésus, aux yeux de Dieu, est semblable à celui d’Adam. Il le créa de poussière, puis Il lui dit : « Sois », et il fut. Sourate Al-Imran. |
Quelles sont les différences et les points communs du récit de la création du premier être humain selon les monothéistes ?
Que ce soit dans la Bible ou dans le Coran, Dieu crée un être humain à partir d’argile ou de poussière : il lui « insuffle » ensuite la vie simplement en décidant de le faire.
Dans ces deux textes, le premier être humain s’appelle « Adam » : en hébreu, le mot אדם (adam) signifie… être humain !
Un peu de grammaire : les majuscules
En français, les majuscules permettent de distinguer les noms propres des noms communs. Voici quelques règles :
– En français, les périodes ne prennent pas de majuscule ; on écrit par exemple : le ramadan, le carême, l’avent.
– Les fêtes religieuses, en revanche, prennent toujours une majuscule : Noël, Pâques, Pessah, Yom Kippour, l’Aïd el-Kebir, l’Aïd el-Fitr.
Le mot « Dieu » peut être écrit avec une majuscule ou une minuscule, selon son utilisation.
– Avec une majuscule, il s’agit d’un nom propre désignant précisément le dieu unique des monothéistes ;
– Avec une minuscule, il s’agit d’un nom commun qui désigne une fonction (par exemple lorsque l’on dit : « Zeus est un dieu grec »).
Exemple : Le dieu le plus important de l’Égypte antique est Râ, mais d’autres dieux comme Amon ou Osiris sont aussi très importants ; cependant, les Hébreux croient en Dieu : leur dieu unique.
Les tableaux du jour :
→ Ces deux mains sont les plus célèbres du monde ! Mais à qui appartiennent-elles ?
Michel-Ange, « La Création d’Adam », 1508-1512
→ Il s’agissait de la main d’Adam à gauche, et la main de Dieu à droite ! D’ailleurs, il suffirait que le doigt d’Adam se plie juste un peu pour qu’il touche celui de Dieu. D’après toi, qu’est-ce que Michel-Ange a voulu dire ?
Benjamin West, « L’Expulsion d’Adam et Ève du Paradis », 1791
→ Après avoir commis le « pêché originel », Adam et Ève sont chassés du Jardin d’Éden. Avant ce passage, ils sont représentés… tout nus ! Sais-tu pourquoi ?
Séance 4 : Le(s) Déluge(s)
Dans la Bible, il est écrit :
L’Éternel dit à Noé : « Entre dans l’arche, toi et toute ta maison, car je t’ai vu juste devant moi parmi cette génération. Tu prendras avec toi sept couples de tous les animaux purs, un couple des animaux impurs, et sept couples des oiseaux du ciel, afin de conserver leur race en vie sur toute la terre. Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai de la surface du sol tout être vivant que j’ai fait. Noé fit tout ce que l’Éternel lui avait ordonné. Et Noé entra dans l’arche, ainsi que ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, à cause du déluge. De tous les animaux purs et impurs, des oiseaux et de tout ce qui se meut sur la terre, ils vinrent deux à deux vers Noé dans l’arche, mâle et femelle, comme Dieu l’avait ordonné à Noé. Et il arriva que, au bout de sept jours, les eaux du déluge furent sur la terre. La seconde année, le dix-septième jour du second mois, toutes les sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s’ouvrirent. Il tomba sur la terre une pluie de quarante jours et quarante nuits. Ce même jour, Noé et ses fils Sem, Cham et Japhet, entrèrent dans l’arche, avec la femme de Noé et les trois femmes de ses fils. Ils prirent avec eux dans l’arche, selon l’ordre de Dieu, tous les animaux et tous les oiseaux, et tout ce qui se meut sur la terre. Ils entrèrent dans l’arche, deux à deux, mâle et femelle, comme Dieu l’avait ordonné à Noé. Et il arriva que, au bout de sept jours, les eaux du déluge furent sur la terre. Les eaux furent sur la terre pendant quarante jours. L’eau grandit et éleva l’arche, et elle s’éleva au-dessus de la terre. Les eaux furent de plus en plus abondantes sur la terre, et elles couvrirent toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel. Les eaux montèrent de quinze coudées au-dessus des montagnes, et elles les couvrirent. Tout être vivant qui se mouvait sur la terre périt : oiseaux, bétail, animaux sauvages, tous les êtres qui se fourmillaient sur la terre, et tous les hommes. Tout ce qui avait souffle de vie dans ses narines, tout ce qui vivait sur la terre ferme, mourut. Ainsi, il détruisit tout ce qui existait sur la surface du sol, depuis l’homme jusqu’aux animaux, jusqu’aux reptiles et jusqu’aux oiseaux du ciel. Ils périrent tous. Mais Noé, les animaux qui étaient avec lui dans l’arche, les oiseaux et tous les êtres vivants qui se trouvaient avec lui dans l’arche, furent épargnés. Les eaux furent sur la terre pendant cent cinquante jours. |
Dans le Coran, il est écrit :
« Construis l’arche sous Nos yeux et selon Notre révélation. Et ne M’adresse pas de supplication au sujet des injustes, car ils vont être noyés. »
Et lorsqu’arriva Notre commandement et que le four bouillonna [d’eau], Nous dîmes : « Charge dans l’arche un couple de chaque espèce, ainsi que ta famille, sauf ceux contre qui la parole a déjà été prononcée, et ceux qui ont cru. » Or, ceux qui avaient cru avec lui étaient en petit nombre. Sourate Hud.
Et Nous lui avons dit : « Embarque dans l’arche sous Notre surveillance et selon Notre révélation. Puis, quand l’arche aura pris son vol et que vous serez en sécurité, rappelez-vous de la grâce de votre Seigneur, lorsqu’elle s’arrêtera sur le mont Judi. Et dites : « Que la louange soit à Allah, qui nous a sauvés du peuple injuste ! » Sourate Al-Mu’minun.
Et Nous sauvâmes Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche, et Nous engloutîmes les autres. Sourate Al-‘Ankabut. |
Comment la Bible et le Coran racontent-ils le même évènement ?
Dans les deux textes, le personnage principal est Noé (Nuh, en arabe) ; prévenu par Dieu de l’imminence du Déluge, il construit sur ses conseils une arche.
Question de compréhension : Fais la liste des points communs et des différences entre le Déluge tel qu’il est raconté dans la Bible, et tel qu’il est raconté dans le Coran.
Tu pourras ensuite te rendre compte que malgré ces quelques différences, ces deux textes sont finalement très proches : Dieu parle à Noé pour lui donner des consignes similaires, avant de provoquer le Déluge.
Bilan
On a parfois l’impression que les religions monothéistes sont très différentes les unes des autres, mais c’est parce qu’on se focalise trop sur les différences : en vérité, elles sont très proches, et les histoires qu’elles racontent sont parfois les mêmes.
Par ailleurs, la Bible et le Coran ne sont pas les deux seuls textes religieux à parler d’un déluge ! Par exemple, l’Épopée de Gilgamesh, un récit sumérien du IIIe millénaire avant notre ère, présente de très grandes ressemblances avec l’histoire de Noé.
Même dans le Popol Vuh, un texte sacré de la mythologie maya, on trouve l’histoire d’un déluge envoyé par les dieux (Tepeu, Gucumatz et Huracan) pour détruire un monde dont ils n’étaient pas satisfaits. N’hésite pas à te renseigner sur cette histoire !
Le tableau du jour :
Simon de Myle, « L’Arche de Noé sur le mont Ararat », 1570
→ Cette arche ressemble-t-elle à la description qui est faite dans la Bible ? Si tu regardes bien, sur le pont de l’arche, on peut voir une licorne. Où se trouve la deuxième ?
Séance décrochée : Uta-Napishtim
Existe-t-il d’autres religions qui racontent des histoires semblables à celles qu’on trouve dans les récits monothéistes ?
Uta-Napishtim dit à Gilgamesh : « Quand les dieux décidèrent d’envoyer le déluge, ils m’avertirent. Ils me dirent : « Construis une barque, renforce-la et rends-la solide. Dans cette barque, prends avec toi tout ce que tu possèdes : tes proches, les artisans, les animaux, les graines de toute la terre. Fais-la de forme carrée, dont la largeur et la longueur seront égales, et fais-la entrer dans l’eau. » Je répondis à ces paroles : « Je ferai ce que vous m’avez ordonné. » Je rassemblai mes biens, mes enfants et mes proches. Les artisans firent l’arche, et les animaux vinrent. J’y mis toutes les semences de la terre. Lorsque le déluge arriva, il coucha les montagnes et recouvrit toute la terre. La pluie tomba sans relâche pendant six jours et six nuits. Le septième jour, la tempête se calma, le déluge se retira et la mer s’apaisa. La barque se posa sur le mont Nisir, où elle resta immobile. Je libérai un corbeau, qui s’envola, mais il revint, ne trouvant pas de place pour se poser. Je libérai une colombe, mais elle revint aussi. Ensuite, je libérai un moineau, mais il revint également. Enfin, je libérai un corbeau, qui se posa, mangea, se baigna et ne revint pas. Alors je compris que la terre était sèche, et je sortis de l’arche avec tout ce qui était à bord. » Épopée de Gilgamesh, Tablette XI, traduction de R. Campbell Thompson. |
Uta-Napishtim est le héros d’une histoire écrite sur des tablettes d’argile il y a près de 4000 ans par les mésopotamiens : l’Épopée de Gilgamesh, la plus vieille histoire de l’Humanité connue à ce jour ! Cette histoire a probablement inspiré les rédacteurs des textes saints des monothéismes.
Voici son histoire : Uta-Napishtim vit dans une grande ville de l’est de la Mésopotamie. Un jour, les dieux décident de détruire le monde par un grand déluge, pour punir les hommes de leur méchanceté. Mais le dieu de l’eau, Ea, prévient Uta-Napishtim de la catastrophe et lui conseille de construire un grand bateau pour sauver sa famille et tous les animaux.
Uta-Napishtim construit donc un grand bateau et y fait monter sa famille et les animaux. Le déluge arrive, les eaux montent, toute la terre est inondée… mais le bateau flotte et emporte les survivants !
Après de longues semaines, les eaux finissent par se retirer, et le bateau s’échoue sur une montagne. Uta-Napishtim envoie alors un corbeau et une colombe pour voir si les eaux ont complètement disparu, et quand la colombe revient avec une branche d’olivier, il comprend que la terre est de nouveau habitable. Une colombe, tiens ! Ça ne vous rappelle rien ?
Les tableaux du jour :
Francis Danby, « Le Déluge », 1840
→ Quelle scène apocalyptique ! Essaie de te mettre à la place des personnages. Que peuvent-ils bien penser ?
Anne-Louis Girodet, « Une scène de Déluge », 1806
→ Celle-ci est presque pire ! Un homme essaie de retenir sa femme et ses enfants, tandis qu’un vieillard se tient sur son dos. Regarde ce qu’il y a dans sa main. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? À la place de cet homme, que ferais-tu ? Si l’on regarde bien l’image, on peut deviner ce qu’il se passera dans quelques instants…
Séance 5 : Babel
Comment les textes sacrés répondent-ils aux questions que se posent les êtres humains ?
Toute la terre avait une même langue et les mêmes mots.
Comme les hommes étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear [en Mésopotamie] et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Faisons des briques, et cuisons-les au feu. » Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel et faisons- nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur toute la surface de la terre. » Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et Yahvé dit : « Ils forment un seul peuple, ont tous une même langue, et voici leur première œuvre. Désormais aucun projet ne leur sera impossible. Allons ! Descendons et brouillons ici leur langage, afin qu’ils ne se comprennent plus les uns les autres. » Et Yahvé les dispersa loin de là sur toute la surface de la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est […] là que Yahvé brouilla le langage de tous les habitants de la terre, et c’est de là que Yahvé les dispersa sur la surface de toute la terre. La Genèse, traduction de Louis Segond. |
Dans ce récit tiré de la Bible hébraïque, les descendants de Noé décident de bâtir une ville pour ne plus être dispersés et atteindre le ciel, alors même que Yahvé avait demandé aux humains… de se disperser pour se multiplier ! Il n’était pas rare durant l’Antiquité de construire de grandes tours : ça impressionnait les ennemis, et ça montrait qu’ils n’avaient rien à faire là !
Cette tour est censée toucher le ciel, ce qui est impossible ! On peut imaginer qu’il s’agit d’une métaphore de l’orgueil des êtres humains. Ce défaut était déjà un grand motif de colère des dieux dans les religions polythéistes.
Dieu craint alors que les humains puissent mener à bien n’importe quel projet : il décide donc de les disperser et surtout de brouiller leurs langues : ce mythe explique donc la diversité linguistique. D’ailleurs, Babel fait sûrement référence à la ville de Babylone, mais ressemble aussi beaucoup au verbe hébreu balal, qui signifie brouiller, dans le sens de mélanger.
Question de réflexion : À quoi ressemblerait le monde si tout le monde parlait la même langue ?
Exemple de correction :
Si le monde entier partageait la même langue aujourd’hui, ce serait bien plus pratique pour communiquer ! Mais ce serait la fin de la linguistique, de l’apprentissage des langues étrangères, et le monde serait tellement moins mystérieux…
Activité : Représente la tour de Babel… sans dessiner de tour !
Bilan
Ce texte peut être interprété comme une métaphore de la création des langues par la dispersion des êtres humains sur la planète. Il cherche à répondre à une question compliquée : pourquoi les êtres humains parlent-ils des langues différentes ? Aujourd’hui, il existe une science pour répondre à cette question : la linguistique.
Le tableau du jour :
Pieter Brueghel l’Ancien, « La Tour de Babel », XVIe siècle
→ Est-ce que ta propre Tour de Babel ressemblait à celle du peintre Brueghel ?
Séance 6 (facultative) : Les Paraboles de Jésus-Christ
Comment Jésus-Christ enseigne-t-il des idées compliquées dans le Nouveau Testament ?
Jésus dit : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui doit me revenir.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays lointain, où il dissipa sa fortune en vivant dans la débauche.
Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla se mettre au service d’un des habitants de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’” Il se leva donc et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez la plus belle robe, et l’enfilez-lui ; mettez-lui un anneau au doigt, et des chaussures aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il demanda ce que c’était. Ce serviteur lui répondit : “Ton frère est de retour, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il ne voulait pas entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répondit à son père : « Voilà tant d’années que je suis à ton service, sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour que je festoie avec mes amis. Mais quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! » Le père répondit : « Mon enfant, toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé.” » Évangile de Luc, chapitre 15 |
Activité : en groupe, réfléchissez à la leçon que Jésus a voulu donner. Comment pourriez-vous donner la même leçon avec des exemples d’aujourd’hui ?
Bilan
Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ utilise souvent des paraboles : il s’agit de petites histoires qui lui servent à faire comprendre des idées à ses disciples. Ces idées sont parfois compliquées ou surprenantes ! Pour les chrétiens, une parabole est un outil pour mieux comprendre le message de Jésus et du christianisme.
Le tableau du jour :
→ La manière dont le peintre Véronèse représente les Noces de Cana ne correspond pas du tout à la description qui en est faite dans le Nouveau Testament (on imagine plutôt une simple maison en pierre dans un village !). D’après toi, quelles pourraient en être les raisons ?
Séance 7 : Les monothéismes en France aujourd’hui (EMC)
Que signifie être monothéiste aujourd’hui en France ?
Être croyant
Être croyant ne signifie pas forcément être pratiquant, ou respecter l’ensemble des règles d’une religion : croire et obéir sont deux choses très différentes. Et, dans toutes les religions, il existe de nombreuses interprétations différentes !
En France, la liberté de religion est un droit fondamental protégé par la loi. Personne n’a le droit d’interdire ou d’imposer une religion, ni une manière particulière de pratiquer une religion.
Les lieux de culte
Un lieu de culte est un endroit où les croyants peuvent prier et pratiquer leur foi.
Pour les juifs le lieu de culte est la synagogue, pour les chrétiens, c’est l’église, pour les musulmans c’est la mosquée. Il existe à Paris des synagogues, des églises (dont la plus connue est Notre-Dame de Paris) et des mosquées (la plus connue et la plus ancienne s’appelle la Grande Mosquée de Paris).
La ville la plus sainte des juifs et des chrétiens est Jérusalem ; pour les musulmans, c’est La Mecque. Jérusalem est aussi la troisième ville sainte des musulmans.
Les chiffres
Il est très compliqué de trouver des chiffres fiables et exacts sur l’état des pratiques et des croyances religieuses en France, car notre pays ne dispose pas de statistiques officielles : c’est même interdit par la loi.
Les chiffres dont on dispose sont issus de sondages (c’est à dire sur ce que les gens déclarent) : il existe peut-être des différences avec la réalité ! Par exemple, certaines personnes se déclarent chrétiennes parce qu’elles sont baptisées et qu’elles ont grandi dans une famille chrétienne… mais ne croient pas en Dieu ! Il en va de même pour le judaïsme et l’islam. Tout dépend aussi de la manière dont la question est posée !
En France, environ 29% de la population française se déclare chrétienne catholique. Il existe des différences entre le catholicisme et les autres branches chrétiennes que sont le protestantisme et l’orthodoxie (qui, elles, ne reconnaissent pas l’autorité du pape).
Environ 10% de la population se déclare musulmane (il y a des différences entre le sunnisme et le chiisme, les deux courants principaux de l’islam – la plupart des musulmans dans le monde et la grande majorité des musulmans au Maghreb et en France sont des musulmans sunnites). L’islam est considéré comme la deuxième religion de France.
Environ 9% des français se déclarent d’une religion chrétienne non-catholique (l’immense majorité d’entre eux étant des protestants, qui ne reconnaissent pas l’autorité du pape ; il existe de très nombreux courants protestants, parfois très différents).
Les personnes qui se déclarent bouddhistes, juives, hindouistes ou membres d’autres religions représentent un peu plus de 1% de la population française.
Environ un français sur deux (51%) n’a pas de religion. Parmi eux, il existe une différence entre les athées, qui ne croient pas, et les agnostiques, qui disent qu’il est de toutes manières impossible de savoir s’il existe un absolu (Dieu, des dieux, ou autre chose).
Bilan
La religion est un choix personnel, intime et privé. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Dans notre pays, personne n’a le droit d’imposer une croyance ou une manière de croire, ni d’interdire une croyance ou une absence de croyance.
Il y a un mot pour ça : « laïcité » : c’est le droit de chacun de croire ou de ne pas croire, et l’obligation de l’État de considérer de la même manière et de respecter autant ceux qui croient ou ne croient pas.
C’est ainsi que toutes les croyances et l’absence de croyance peuvent coexister en paix, et qu’il est possible d’en parler sereinement en classe !
Ce cours, par exemple, est parfaitement laïc : beaucoup de sujets ont été abordés, mais à aucun moment un avis ne vous a été imposé, ni même donné.
Le tableau du jour
Marc Chagall, « L’Exode », 1952-1966
→ Marc Chagall était un célèbre peintre juif qui considérait la Bible comme « la plus grande source de poésie de tous les temps ». Tout au long de sa carrière, il a représenté des scènes de l’Ancien testament, mais aussi de la vie de Jésus-Christ. D’après toi, pourquoi un peintre juif veut-il consacrer une partie de son œuvre à un homme qui n’est pas un prophète dans sa religion ?